samedi 15 janvier 2011

Incendies


Souvent, il suffit de "peu". Ce titre, ce rouge... il n'en fallait pas plus pour attiser mon envie de cet Incendies qui brûle bel et bien. Il y est question d'une terre déchirée jamais nommée car la guerre, si nous l'entrevoyons dans les décombres calcinés d'un orphelinat, se lit surtout sur les visages et dans les coeurs où elle fait rage. En ce sens, elle est universelle et s'appréhende ici à travers une histoire toute singulière, dont elle est cause. Celle d'une femme murée dans le silence car l'indicible ne se dit pas, il se cherche. Comme une ultime leçon de vie, elle lance ses enfants sur ses propres traces, dans une quête initiatique quant à la vérité de leurs origines, au final d'ordre presque mythique.

Je retiendrai surtout qu'aux tréfonds des prisons, on résiste et se tient droit... en chantant.

Incendies est d'abord une pièce de théâtre, un texte nécessaire assurément dans lequel j'ai bien l'intention de me plonger comme on va au feu. Voici ce que son auteur - Wajdi Mouawad - nous révèle:

"Je n'invente pas mes histoires, je les rencontre dans la rue: elle sont belles et me plaisent. Alors on va prendre un café, on s'assoit l'un en face de l'autre et je lui demande comment elle s'appelle. Je m'appelle Incendies. Et qui es-tu? Je suis une femme qui s'est tue. Là, je tombe follement amoureux. Je lui dis attention, je suis en train de tomber amoureux. Ou on s'arrête tout de suite car je n'ai pas envie qu'une histoire comme vous me laisse tomber, ou vous restez et on travaille ensemble, moi comme auteur, vous comme histoire. Elle me dit revoyons-nous dans une semaine, prenons le temps. On se revoit une semaine plus tard, je lui dis vous m'avez manqué, elle me dit vous aussi...". 

C'est beau, non? Rencontrer une histoire dans la rue, en tomber amoureux et décider de l'écrire ensemble...

2 commentaires:

Jean Henrion a dit…

Oui, ma Delphine, c'est un film fort qui m'a attiré dès le premier commentaire lu et puis, comme tu le dis si bien, l'affiche est de celle qui vous marque ... Mais c'est une histoire dure, trop dure, un film sombre, trop sombre. Même les images tournées au Canada sont volontairement sinistres ... Alors pour retrouver la lumière, mais garder le même thème, celui d'enfants qui découvrent, stupéfaits, qui étaient vraiment leurs parents, je te conseille d'aller voir "Quartiers Lointains" tiré de la bande dessinée de Tanaguchi. Un vrai bijou, ce film. On en sort le coeur ému, l'esprit plânant sur un nuage et les yeux un brin humides... Ton Papa qui t'aime

Delphine H... a dit…

Mon cher papa,

Ca m'est étrange d'écrire ça ici :-)... Un petit mot de toi, j'en suis toute surprise, que c'est bon! Et en réponse à l'un de mes messages "cinéma", là pas d'étonnement.

A longueur de journées, tu soignes les corps, tu es confronté à l'inquiétude, à la souffrance. Les histoires tragiques, sûrement, tu en as ta part dans la réalité même si cela n'a jamais pesé sur nous. Alors je comprends que dans les rares moments de répit que tu t'accordes, tu apprécies un rien de "légèreté".

Oui, cette histoire-ci est dure. Cependant, elle ne m'a pas parue sombre mais plutôt pleine d'ombre... et donc lumineuse. Le sombre rend tout égal, je m'adresse là au photographe que tu es aussi et qui sait cela mieux que moi. L'ombre n'existe que par la lumière... Et c'est elle que je vois avant tout dans cet "Incendies". Au départ, les enfants se trouvent dans le sombre, le flou, l'indifférencié. Au bout de leur chemin, lumière est pleinement faite... et du même mouvement, l'ombre - terrible - révélée.

Je me dis que c'est un peu l'histoire de nos vies à tous. Soit on reste à l'abri dans le sombre, soit on risque la lumière au prix de l'ombre tantôt courte, tantôt longue.

J'irai voir "Quartiers lointains"!

Et je t'embrasse bien fort!

Delphine